On dit souvent que l’être humain est taillé pour courir. Le site runners.fr, que je lis régulièrement pour l’excellente qualité de ses articles, en a d’ailleurs fait son slogan : Nés pour courir. En fait, si l’Homme est devenu ce qu’il est aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à la course à pied, et à ses capacités d’endurance. Évidemment, il n’est plus nécessaire aujourd’hui de courir pour survivre, et heureusement ! En revanche, la course à pied reste un sport très populaire, et universel : partout dans le monde, les gens courent. Et c’est bien légitime : la course à pied est dans nos gènes.
Nos ancêtres n’avaient pas les amortis que nous avons aujourd’hui sous nos chaussures de running et pourtant, ils couraient partout et sur de longues distances.
Comment nos ancêtres couraient-ils ?
Pour le savoir, je vous propose un petit test tout simple : mettez vous pieds nus, et trottinez un peu. Si, si, allez-y et revenez lire la suite juste après.
Ça y est ? Bon. Avez-vous remarqué que vous posiez votre pied sur le milieu ou l’avant du pied ? En tout cas, je l’espère pour vous, car si vous posez le talon en premier, ça fait mal : le choc dû à l’impact au sol est répercuté dans toute la jambe, puis le dos. Et puis le talon, tout rond, ne permet pas un appui très stable (dans le meilleur des cas, votre talon tout rond vous chantera une chanson). Désolé pour la référence culturelle… Pour me faire pardonner, je vous ai fait de superbes schémas ! Voici une foulée courte, avec retombée sur l’avant du pied, comme quand on court pieds nus :
Mais pour aller plus vite, on a essayé d’allonger les foulées. La conséquence, quasiment géométrique, est qu’on retombe sur les talons.
Pas de problème, l’Homme moderne a plus d’une corde à son arc : il a ajouté des amortis de plus en plus sophistiqués dans les chaussures pour atténuer le choc. La chaussure amortit, et on ne risque plus rien !… C’est ce que vous croyez. Évidemment, la chaussure amortit beaucoup, mais l’onde de choc est tout de même présente, et remonte dans la jambe. La première articulation rencontrée en prend pour son grade : le genou. C’est la partie du corps la plus soumise aux blessures chez les coureurs. De plus, quand on retombe sur le talon, on ne maitrise pas grand-chose, et on ne laisse pas aux pieds le soin de remonter des informations au cerveau. Pourtant, le pied est un excellent amortisseur naturel, très évolué, truffé de capteurs ultra-sensibles. Enfermé dans une chaussure, avec une semelle bien épaisse, le pied n’est plus qu’un support, rien de plus.
Le problème est que, de nos jours, courir pieds nus n’est pas simple, même si certains coureurs y arrivent très bien. Le bitume peut faire mal, et on n’est pas à l’abri d’un vilain morceau de verre qui guette le premier pied nu venu pour venir s’y loger profondément.
Mais alors, est-on obligé de courir d’une manière non-naturelle de nos jours ?
Non, bien sûr. Les chaussures dites minimalistes sont composées d’une semelle protectrice mais très fine, d’un peu de tissu sur le dessus pour tenir sur le pied (et faire joli), et surtout elles sont (presque totalement) dépourvues d’amorti sur le talon. Sans amorti, vous allez voir : on se met vite à courir sur l’avant du pied, pour profiter de nos amortisseurs naturels. Comme nos ancêtres ! Avec une protection en plus.
Lorsque les pieds touchent le sol, sur l’avant, là où c’est le plus charnu, les semelles fines leur permettent de « sentir » le sol, et ainsi de remonter une multitude d’informations au cerveau, qui peut donc agir en conséquence, et adapter (ou corriger) la foulée à la volée. Une course plus naturelle, donc. Et une sensation de légèreté : ces chaussures ne pèsent généralement pas plus de 200g, contre 340g en moyenne pour une paire classique. 140g de moins… à chaque pas.
Peut-on tous acheter ces chaussures révolutionnaires ?
Dans l’absolu, oui, car nous sommes tous nés pour courir ! Mais il faut absolument passer par une phase de transition progressive, qui peut prendre plusieurs mois. Il s’agit en fait de ré-apprendre à courir, sur le medio-pied. Et pour aller plus vite, pas question ici d’allonger les foulées : on augmente la cadence ! 180 pas à la minute (3 pas par seconde, donc) semble être le nombre à respecter pour une foulée efficace et sans danger.
Il existe d’ailleurs des chaussures « de transition » qui aident à franchir le cap : elles sont conçues pour vous « forcer » à poser le pied sur le milieu ou l’avant, et non plus sur le talon. Citons ici les Brooks Pure Connect et les Skechers GoRun.
Elles sont chouettes, non ?
Mais avant de vous lancer, je vous conseille vivement de lire les articles parlant de minimalisme sur runners.fr, écrits par Fred Brossard, coureur minimaliste reconnu en France et fervent défenseur de cette technique de course. Il existe bien sûr d’autres sites qui en parlent (Florent ou Courir pieds nus, par exemple).
Trouve-t-on facilement ces chaussures minimalistes ?
Malheureusement, cette pratique est encore assez peu répandue en France, mais ça s’améliore petit à petit. Documentez-vous et n’hésitez pas à demander des conseils. Ensuite, il est possible de trouver des chaussures minimalistes sur Internet ou en demandant à votre magasin spécialisé favori de vous les commander.
Est-ce que je cours comme ça ?
Pas encore, non. Mais c’est pour très bientôt : dès le marathon terminé (le 3 juin), et si j’y survis, je ré-apprends à courir, en mode minimaliste. À vrai dire, je commence déjà tout doucement ma transition en faisant quelques petits exercices à la maison et en faisant des séances de « course » chez moi, pieds nus. Et chez soi, à l’abri des voisins, on peut pousser le concept de minimalisme encore plus loin !
Je me suis acheté les Skechers GoRun samedi dans le magasin Skechers à Paris. Large choix, magasin spacieux et agréable, et ils offrent un sac assez sympa
Bonjour, bienvenu au club de la foulée médio-pied. Je suis l’auteur d’un livre consacré exclusivement à cette technique. Vous pouvez visiter mon blog: http://www.leplaisirdecourir.blogspot.com.
Si je peux me permettre, le raccourissement de la foulée et une longue transition ne sont pas vraiment nécesaires pour un passage à un foulée médio-pied avec chaussure (ces conseils s’appliquent plus au barefoot et au minimalisme). Mais, en skechers go run par exemple, la transition peut se faire beaucoup plus vite. C’est avant tout un changement de poulaine que doit rechercher le coureur et cela ne demande pas énormément de temps à être maîtrisé. Bonne continuation ! S. Séhel