Ça se fait bien, chez les coureurs 2.0 ou dans la Runnosphère, de raconter sur internet le récit de son premier marathon ! J’en ai lu quelques-uns, qui sont très souvent touchants, et parfois un peu flippants en même temps.
Maintenant, c’est à mon tour d’écrire mon récit, car je viens de boucler mon premier marathon !
Mais d’abord, pourquoi 42,195 km ?
Cela nous ramène en 1896, aux Jeux Olympiques d’Athènes. Le philosophe français Michel Bréal propose une épreuve d’une quarantaine de kilomètres pour commémorer la légende d’un messager grec, qui aurait couru sur une telle distance, entre les villes de Marathon et Athènes, pour rapporter une bien bonne nouvelle (la victoire contre les Perses, presque 500 ans avant Jean-Clau.. euh, pardon : Jésus Chirst). Ça, c’est pour le nom.
La distance précise, elle, a été définie en 1908, aux Jeux Olympiques de Londres. Le départ était donné au Château de Windsor et les coureurs arrivaient au stade de White City. Dans un souci d’uniformiser cette épreuve, on décida alors de mesurer ce tracé et d’en faire la nouvelle distance réglementaire. Et il se trouve que l’arrivée était séparée du départ par 42,195 km très précisément !
Pourquoi j’ai voulu courir un marathon ?
Il y a un an de cela, je ne l’imaginais même pas. Quoi, un marathon ? Ça va pas, non ? Non, non, c’est trop long, je ne pourrai jamais. Et puis, j’en ai pas envie, ça doit être ennuyeux de courir aussi longtemps !
Un jour pas comme les autres, ayant réussi à courir la distance tout à fait honorable de 30 KM, je me suis dit : Après tout, pourquoi pas ? Ce n’est que 12 KM de plus ! J’en ai parlé à William, qui m’a dit : Mais si, vas-y, fonce ! Je me suis un peu documenté, j’ai demandé à mon toubib si mon coeur tiendrait et j’ai pris la décision d’en faire un un jour. Pas en 2013, non, non, en 2012 !
Bon, OK, un marathon. En 2012, euh…
Donc en 2012 (merci, Will !), en Alsace, il y a deux possibilités : le désormais célèbre Marathon du Vignoble d’Alsace, connu pour son côté festif, prévu le 3 juin, et le Marathon de Strasbourg, le 28 octobre. « En juin, il fait généralement plus beau que fin octobre, je prends le Marathon du Vignoble. » Ben ouais, courir 42 bornes, c’est une chose, mais sous la pluie, avec deux kilos de flotte dans chaque chaussure, non merci. En plus, le côté festif de celui-ci m’invite à penser qu’une bonne ambiance, ça peut vraiment aider (et je ne me suis pas trompé !).
L’entraînement
OK, je m’inscris à l’épreuve (40 €) et choisis un plan d’entraînement sur 3 mois, sur l’excellent site Runners.fr, pour un objectif ambitieux de 3h45, objectif que, je le savais, je ne tiendrais pas. Là encore, je ne me suis pas trompé ! L’entraînement est long, parfois contraignant, mais je réussis à le tenir, à deux semaines près durant lesquelles j’ai été malade et complètement HS. Trois séances par semaine : des côtes, de la vitesse sur courte distance, des sorties longues (aux alentours de 25 KM), le tout pour une distance hebdomadaire oscillant entre 45 et 60 KM. Sur la fin, le but est d’apprendre l’allure qu’on souhaite pour le marathon, afin d’habituer son corps à cette allure.
L’épreuve !
Je sais que c’est le plus intéressant dans ce récit, mais je voulais tout de même poser le contexte
La semaine précédant un marathon, il faut faire le plein de glycogène et reposer ses muscles. Donc presque pas de course, et des pâtes, des pâtes et encore des pâtes. J’ai tout de même varié les plaisirs avec des pommes de terre, du riz (pas trop, pour des raisons évidentes que tout le monde connaît !) et du quinoa (on ne mange jamais assez de quinoa, pourtant excellent à la santé). Bien sûr, pas de graisses, pas de produits trop sucrés, pas de sodas, pas d’alcool. Pas d’excès, sauf en sucres lents ! 800g de féculents (cuits) par jour + 200g de viande ou poisson + un peu de légumes et de fruits frais (comme toujours). N’étant pas un gros mangeur, pour ingurgiter tout ça, j’ai dû étaler cette quantité sur tous les repas. Je dis bien tous, y compris le petit déjeuner. Alors pour être très franc avec vous, dès le mercredi matin, c’était céréales dans du lait
J-1 : repos, préparation des affaires et pâtes le soir puis dodo à 22h.
Le lendemain : petit déjeuner à 4h30, re-dodo de 5h à 6h30, douche chaude, habillage, départ. Mon super gel pour les cheveux « Endurance 24h » qui « résiste au marathon quotidien » va-t-il m’aider ?
Arrivé à proximité du lieu de départ, à Cora Dorlisheim, il tombe des sacs d’eau. Super. Toute la semaine, j’étais rivé au site meteociel.fr (très souvent fiable !) et je voyais les prévisions qui empiraient de jour en jour. Donc je m’attendais à cette pluie, mais ça casse quand même un peu le moral. Je gare la voiture, ça se calme, puis ça s’arrête ! Chic, pourvu que ça tienne !
L’ambiance est à la fête, plein de coureurs sont déguisés ! N’est-ce pas, Wolfgang ?
Je bois pas mal avant la course, par petites gorgées. Forcément, c’est physiologique, au bout d’un moment, il faut aller aux toilettes. Impossible de partir comme ça. Je regarde ma montre, 7h50, j’ai encore 10 minutes. Sauf que ma montre retardait de 5 minutes… J’entends le coup de feu de départ alors que je suis encore dans les toilettes ! Bon, il y a tellement de monde, que ça ne m’a pas gêné, je suis parti en queue de peloton, comme je fais toujours de toutes façons
Les 17 premiers KM se passent sans problème. C’est plat et la température est idéale. Vers le KM 15, j’entends un mec dire à son compagnon de course : Je me souviens que vers le KM 20, ça grimpe bien ! Hein, quoi ? Grimpe bien, mais comment ça ? Je m’attends au pire. Bien sûr, j’avais regardé le profil du dénivelé à l’avance, mais bon, c’est pas évident de se le représenter en vrai. Et puis vers le KM 18, ouais, ça grimpe. Et bien ! Mais je grimpe, doucement. Un peu plus tard, dans les champs, ça grimpe trop et je préfère économiser mes jambes : je continue la côte en marchant. Je passe à mi-parcours, à Scharrachbergheim (ça ne s’invente pas…), à 2h07. Je m’éloigne très clairement de l’objectif des 3h45, mais je le savais. Je voulais juste finir, si possible en moins de 4h30.
La suite du parcours est assez vallonée, mais bon, on s’y fait (= marche dans les côtes trop pentues, comme beaucoup de participants).
KM 30. Voilà, j’ai atteint la plus longue distance que j’ai jamais courue. Que va-t-il m’arriver ensuite ? Des crampes ? Mes chevilles vont-elles tenir ? Vais-je heurter ce fameux mur, la panne sèche du marathonien ? Lors de mes sorties longues, je commençais à ressentir des douleurs dans les chevilles vers le KM 25. Là, au KM 30, ça va. Tant mieux, il reste 12 bornes à parcourir, dans l’inconnu…
KM 34. Des enfants derrière la barrière tendent leurs petits mains vers moi. Je m’approche, tends ma main et frappe doucement leurs petites mimines ! Ils sont aux anges ! Et moi aussi ! Et avec leur petite voix : Allez, Fred, bravo, continue ! Ça fait carrément chaud au coeur. C’est clairement pas le moment de pleurer, mais…
KM 36. Ravitaillement gastro-vinique. Plein de marathoniens sont arrêtés, j’aperçois un grand étal de petits verres de vin et du pâté en croûte. Oh non ! Non, non, et… Si ! C’est la fête, tout le monde picole, alors moi aussi je veux faire la fête ! Et c’est le meilleur verre de vin que j’ai bu de toute ma vie ! Et le meilleur pâté en croûte que j’ai mangé ! Avec le recul, il est certain que mon cerveau n’était pas dans un état idéal pour juger de ça
Mais il reste un petit footing de 6,195 KM, donc je ne m’attarde pas. Hop, hop, hop ! S’ensuit une longue route bitumée, traversant les champs où je suis presque seul… C’est long…
KM 37. Guillaume et Loïc sont là ! Ça me fait super plaisir de voir des têtes connues ! Loïc aux commandes de l’appareil photo, Guillaume me suit sur une centaine de mètres. Trop bon !
Jusqu’au KM 41, c’est aussi difficile que plat. Beaucoup de gens marchent en souffrant. A moins qu’ils ne souffrent en marchant, ce qui au final revient au même. J’aperçois le panneau 41 kilomètres alors que je n’avais pas vu le 40 ! Ben j’peux vous dire que ça a été une excellente surprise ! Il me semblait bien que ce 40è KM était long…
KM 42. Entrée dans Molsheim, tout le monde applaudit, on entend la musique de la ligne d’arrivée. Ça donne la pêche ! Et là, je vois mon bon Yannick, en mode touriste complet, en tongs, qui me prend en photo !
Allez, il reste 195 mètres…
J’aperçois alors le tapis rouge de l’arrivée. J’accélère pour faire une belle foulée, des fois que des photographes soient dans le coin Et je passe la ligne d’arrivée, très fier de moi, au bout de 4 heures, 23 minutes et 46 secondes (pauses pipi incluses, bien sûr ). Pas de larmes, mais une émotion intérieure assez forte. Je me souviens du type qui, au KM 39, disait : Allez les gars, dans 3 KM, vous serez des marathoniens ! Des marathoniens, les gars ! Oui, marathonien, et je n’ai pas vu le mur ! Pas de crampe, pas de coup de pompe. RAS.
Après ça, mes amis m’ont rejoint, on a papoté un peu pendant que je mangeais des oranges, buvais du jus de fruits et faisais quelques étirements. Ensuite, une bonne douche chaude suivie de l’assiette du marathonien (crudités, charcuterie, Munster et un éclair à la vanille en dessert, idéal pour la récup’…). Enfin, petit massage des mollets d’une dizaine de minutes par des élèves kiné, qui m’a fait un bien fou ! Je me suis relevé comme si je n’vais pas couru ! Quoi, j’exagère ? Oui, évidemment, mais c’est incroyable comme ça m’a aidé à récupérer !
Pour les statistiques :
- temps total : 4h23 et 46s
- temps de course effectif (hors pauses) : 4h18 et 31s
- classement toutes catégories confondues : 263è sur 549 arrivants
- classement dans ma catégorie (senior masculin) : 75è sur 115
Pour terminer, je tiens à remercier :
- William, qui m’a un peu forcé la main, c’est vrai, mais sache que je ne le regrette vraiment pas !
- Guillaume qui m’a soutenu au quotidien, durant l’entraînement !
- Loïc et Guillaume qui sont venus se perdre à Soultz-les-Bains pour me soutenir !
- Yannick qui m’attendait (tranquillement, je le rappelle ) à l’arrivée !
- Vous tous qui m’avez soutenu en vrai, par SMS, sur Facebook et sur Twitter !
- Les organisateurs et les bénévoles qui ont rendu possible cette belle épreuve !
- Toutes les formidables personnes, que je ne connais malheureusement pas, qui étaient dans les rues ou à leurs fenêtres pour nous soutenir dans l’effort !
Toutes mes félicitations… Quel récit… J’ai ri, été émue, impressionée, et absolument enthousiaste devant ton récit… En te lisant on ressent bcp de sentiments et surtout une envie de se surpasser…. Ce sont des sentiments que je ressens lorsque je danse ou fait mes footings – très loin des 42 km -je m’arrête à 10 petit km… Mais peu importe c’est une réelle satisfaction d’arriver au bout de son objectif et vraiment je tiens à te féliciter pr cette superbe épreuve, tu as énormément de mérite, et je suis très fière d’être entourée d’amis comme guigui et toi qui avez de magnifiques valeurs… Et un grand bravo a mon petit guigui qui a du mérite aussi d’être d’un soutien actif ds cette expérience enrichissante… La démarche est importante pr l’autre… Une grosse pensée et d’énormes bisous…a tt bientôt \o/
Et bien toutes mes félicitations, moi même je me suis toujours dis jamais ça, et sache bien que je m’y tiendrais ^^
L’année prochaine, moins de 4 heures, moi je dis c’est possible
Moins de 4h ? Sur ce marathon-là, je ne crois pas, il y a trop de dénivelés
@Marmier KiKi Merci beaucoup pour ton commentaire très touchant qui me fait vraiment plaisir !
« 10 petits KM », comme tu dis, c’est déjà vraiment très bien ! Sincèrement !
J’espère vous revoir très vite. En attendant, je vous embrasse bien fort tous les 3 !
Superbe récit ! Bravo pour ta course
@Gilles Merci beaucoup
Un récit bien complet.
Merci et encore bravo Fred.
A très bientôt.
J’admire!! Article super bien écrit! J’étais à fond dedans, comme pour un bon bouquin!!! Emouvant et avec du suspense!!
Et j’adore le coup du gel qui résiste au marathon! Il fallait le voir!!!
Bravo en tout cas! Et merci de se partage sur Fysiki!!
Vous êtes tous fantastiques ! Merci pour vos messages d’encouragement !
Ça donne carrément l’envie d’en refaire un ! L’année prochaine, je pense le refaire, déguisé cette fois
J’ai corrigé l’article pour ajouter un énorme manque dans les remerciements : les organisateurs et bénévoles qui ont rendu possible cette incroyable aventure ! Et les spectateurs, évidemment
Hello m’sieur,
toutes nos félicitations !
Un bel exploit et bien raconté en plus.
@Sebouille Merci ! Vous venez de réussir un bel exploit aussi
Hello,
Pour un premier marathon, tu n’as pas choisi le plus facile ! Tu as raison pour le coté festif, çà passe mieux, mais là encore par endroit çà manquait de supporters !
Tu as l’air d’avoir fait une prépa sérieuse. Courir déguisé et faire un chrono c’est possible, je l’ai fait sur le semi.
Peut etre à bientot sur une course régionale…
Bonne récup !
@Izhonu Merci pour ton message ! Il me semblait bien qu’il n’était pas simple, et tu me le confirmes Disons que les côtes dans les champs, dans l’herbe, ça coupe un peu les pattes ! S’il avait fait plus beau, disons si le temps avait été moins incertain, il y aurait sans doute eu plus de monde, peut-être même dans les champs… Mais bon, c’était déjà vraiment bien comme ça
Peut-être à bientôt, oui !
@Marmier KiKi Je voulais dire : tous les 4
Toutes mes félicitations à toi, ô marathonien et merci pour le récit fort sympathique et très instructif pour moi qui participera à mon premier marathon le 28/10/12 à Strasbourg.
@Route68 Merci ! Je te souhaite bon courage, et j’espère que tu prendras ton pied comme moi !
J’ai hésité pour celui de Strasbourg (c’est vraiment tout près de chez moi), mais je ne pourrai pas être prêt d’ici là. Je verrai l’année prochaine
@Route68 Ah tiens ! Je participerai moi aussi au Strongmanrun
[…] (et/ou à moi), vous savez sans doute qu’après mon premier marathon (dont je vous conseille le récit ), j’ai décidé de changer ma manière de courir pour adopter une foulée plus naturelle, […]
[…] et le Marathon du Vignoble d’Alsace que j’ai déjà couru l’année dernière (lire le récit), et que j’aimerais bien refaire. Sinon, il y aura sans doute quelques petits 10 KM, que je […]
Bonjour ! j’adore la façon dont tu as raconté ce premier marathon. Tu m’as bien fait rire je suis très impressionnée de ton parcours. Mon père a participé au marathon de Paris aujourd’hui (3H55) et malheureusement je n’ai pas pu être là pour le soutenir! Je me prépare pour le semi que j’aimerais faire en fin d’année 2013 (et peut-être le semi de paris 2014 que je courrais avec mon père ) et le marathon, un jour j’espère! J’en rêve ! En tout cas merci pour nous faire partager ton expérience!
Bonjour Améline,
J’aime partager mes expériences et quand j’ai en retour ce genre de commentaires, ça me donne encore plus l’envie de continuer ! Merci beaucoup, c’est très gentil !
Bon courage dans ta préparation pour le semi ! On ne se connait pas, mais je suis certain qui tu y arriveras si tu le veux. Et le marathon, ça viendra après, chaque chose en son temps J’avoue être fier de courir, et d’avoir réussi un marathon, et je te souhaite sincèrement d’y parvenir. N’hésite pas à venir donner des nouvelles par ici
Encore merci et bon courage pour tes courses !
Vraiment chouette cet article plein d’humour, surtout le coup du départ aux toilettes, c’en est à pleurer de rire. Je ferai mon premier marathon cette année à Molsheim précisément, vu le côté festif et les déguisements, j’ai hâte, merci pour cet article, au plaisir, Stéphane
Merci Stéphane !
Je serai de nouveau au Marathon du Vignoble cette année, à Molsheim ! Vous savez à quoi je ressemble : si vous me voyez, n’hésitez pas à venir me parler
Et bon courage pour votre premier marathon !
[…] 2 heures, 3 minutes et 38 secondes C’est le temps qu’a mis Patrick Makau pour parcourir les 42,195 km du marathon de Berlin en 2011 (c’est actuellement le RM, avec une vitesse d’un peu plus de 20 km/h). Moi : 4h23 (lire le récit de mon premier marathon) […]
[…] par Patrick Makau en 2011 Performances et objectifs 10 km : 41'51 (14,35 km/h) Semi-marathon : 1h46 (11,94 km/h) (récit) Marathon : 4h24 (9,6 km/h) (récit) […]