Il y a un peu plus d’un an, j’ai couru mon premier marathon. Depuis, j’ai modifié ma foulée pour adopter une foulée plus naturelle, dite minimaliste, dont je parle depuis quelques temps déjà. La transition doit être très progressive et elle prend des mois… Un an après, j’ai tenté de refaire le même marathon, avec cette nouvelle manière de courir. Ce n’était pas gagné d’avance mais… J’ai réussi !
Préparation
L’année dernière, j’avais scrupuleusement suivi un plan d’entrainement préparé sur le site Runners.fr. J’avais choisi un plan pour un objectif ambitieux de 3h45 et j’ai mis… 4h23. Loupé ! Pour ma défense, il faut dire que ce marathon est difficile : il est loin d’être plat comme les marathons où sont réalisés les records mondiaux (
Cette année, même si j’avais secrètement en tête un objectif de 3h45, j’ai choisi un plan 4h. Il s’avère que je ne l’ai pas du tout suivi, pour deux raisons :
- La première est d’ordre météorologique : on ne peut pas dire que le printemps 2013 ait été favorable aux sorties running… Le froid ne me fait pas peur, au contraire, courir par -10° au soleil, j’aime bien Mais j’ai plus de mal avec la pluie, surtout lorsqu’elle et froide.
- La deuxième raison est que je me suis fait quelques sorties longues pour le plaisir (Tour du Lac de Pierre-Percée et Trail de la MAC6). Après ces sorties, je me suis octroyé quelques jours de repos, qui ne collaient pas forcément avec le plan.
Au final, j’ai tout de même fait la plupart des séances importantes, notamment des sorties longues et des côtes. Les seules sorties que j’ai un peu négligées sont celles qui se courent à l’allure que je souhaite avoir pour le jour J, afin d’apprendre et de mémoriser cette allure : je n’en ai fait qu’une seule de 31 km, 3 semaines avant la compétition.
Concernant les chaussures, je n’ai réussi que tardivement à choisir lesquelles allaient m’accompagner sur ces 42 km.
- Mes Skechers GOrun ?
- Mes Nike Free Run avec lesquelles j’ai couru le Semi-marathon de Paris ?
La réponse était vite trouvée : ni l’une, ni l’autre ! Le mécanisme de bascule des GOrun me gêne sur les sorties longues et les Nike Free n’ont pas assez d’amorti sous l’avant du pied pour des sorties supérieures à 21 km… Un jour, tout à fait par hasard, je tombe sur une paire de Skechers GORun Ride chez Go Sport : mécanisme de bascule au milieu du pied amoindri et meilleur amorti sous l’avant du pied… Et en plus, je les trouve chouettes
Je me renseigne un peu (pratique d’avoir internet dans sa poche…), et les achète en me disant qu’elles seront mes compagnes de marathon Le prix, 80 €, reste raisonnable pour des bonnes chaussures de course à pied.
Quelques heures avant le départ…
Pour cette journée, un grand soleil est annoncé,
Avec une température sans doute élevée,
À quelques journées à peine du solstice d’été.
La chaleur n’aidera pas, c’est sûr, et le déguisement non plus : la chemise en espèce de « soie synthétique » promet d’être chaude et collante à souhait, mais tant pis : les déguisés ont droit à un cadeau à l’arrivée ! Et puis c’est tout de même plus amusant, sachant que beaucoup de coureurs seront déguisés.
Le réveil est programmé à 4 heures 30 du matin, afin d’ingurgiter un petit déjeuner copieux et diversifié afin que mon organisme ne manque de rien pendant ce petit footing dominical : un thé, un verre de jus de fruit, du pain aux céréales avec une tranche de jambon blanc, un peu de beurre et du sel, 3 biscottes avec de la confiture, un fromage blanc et un gâteau de semoule.
Après ça, retour au lit jusqu’à 6h45, mais je n’ai pas retrouvé le sommeil (que j’avais déjà bien eu du mal à trouver la veille). La douche bien chaude fait du bien et me réveille le cerveau et les muscles. Je m’équipe de petites protections pour épargner certains parties sensibles de mon corps qui trinquent souvent sur les sorties longues : sparadrap sur les tétons et seconde peau sous les pieds pour éviter les échauffements et les ampoules.
Hop, en route !
Quelques minutes avant le départ…
À peine arrivé sur le parking de Cora Dorlisheim, le lieu de départ, Niko (qui court son premier 10 km !) m’appelle et me dit qu’il est venu plus tôt pour m’encourager sur le départ ! La grande classe, ça fait toujours plaisir de ne pas être seul dans toute cette foule de fous déguisés prêt à courir 42 km…
Au moment d’assouvir un dernier petit besoin pressant avant de m’élancer, je me rends compte que la petite sacoche, solidement accrochée au cordon de mon cuissard, va vite devenir gênante pour ce genre de petits besoins… Je trouve une autre solution pour la fixer, moins efficace, mais qui me permettra de… Enfin, vous voyez bien de quoi je parle
Il est 8h05…
Top départ !
Arrivé au premier kilomètre, j’entends le traditionnel « Allez, courage, plus que 41 ! »… Le ton emprunté donne la pêche, c’est indéniable, mais le fond décourage un petit peu quand même : encore 41 km à courir ! Mais je l’ai bien voulu
Contrairement à l’année précédente, où le temps était vraiment maussade (il tombait encore des cordes 30 minutes avant le départ…), on sent bien le soleil qui réchauffe… Ça promet d’être chaud ! Je me suis fixé une vitesse de 12 km/h, soit un rythme de 5 minutes par kilomètre : à chaque panneau kilométrique je pouvais vérifier facilement si j’étais dans les clous ou pas et rectifier au besoin. J’ai tenu cette cadence jusqu’au 17ème km, où le plat laisse place à de belles côtes qui cassent complètement le rythme… Et avec le soleil qui commence à bien cogner, ça devient difficile. Fort heureusement, il s’avère que ma chemise ne tient pas aussi chaud que je l’aurais cru, et le petit vent, qui ne gêne absolument pas pour la course, est le bienvenu pour apporter un peu de fraîcheur aux coureurs. Je ne m’arrête pas au ravitaillements, j’ai tout ce qu’il faut sur moi : pâtes de fruits et boisson de l’effort dans la poche à eau dans le dos.
À mi-course, je franchis la ligne de départ du semi-marathon à Scharrachbergheim après 1h50 (tout pile) de course. Une moitié de faite ! Le dossard personnalisé avec le prénom inscrit dessus et le déguisement incitent la « foule » Scharrachbergheimoise à m’encourager, et ça m’aide car je sais déjà que la deuxième moitié sera bien plus difficile…
À partir de là, il n’y a presque plus de plat : uniquement des côtes et des descentes, dans les champs et les cailloux. Par endroits, on a l’impression que le marathon lui-même s’est déguisé… en trail ! Et, tout comme les coureurs grimpent dans les champs, le soleil, lui, grimpe dans le ciel et inonde le vignoble alsacien de ses rayons toujours plus chauds. Je franchis les deux premières côtes en courant, mais choisis de m’économiser sur les suivantes : je les monte en marche rapide. Malgré la difficulté, l’ambiance reste excellente : certains coureurs qui me dépassent m’encouragent !
Dans les villages, les habitants ont eu l’excellente idée d’installer des brumisateurs, parfois très artisanaux ! À un moment, un enfant tient dans la main un pulvérisateur, comme pour humidifier les plantes (des pieds ?)… Je veux bien faire la plante : je m’approche, tends mon visage en face de lui et lui dis : « Vas-y, fais-toi plaisir, mon petit ! ». Je n’ai pas eu besoin de lui dire deux fois
Arrivé au 28ème km, un rapide calcul m’indique que j’ai fait les deux tiers. Il reste 14 km, mais je fatigue déjà et je sais qu’ils vont être de plus en plus difficiles à boucler.
Soudain, un bruit inquiétant sourd (du verbe sourdre) derrière moi. Jugez par vous-même : . Un bruit de respiration si rauque et profond que j’ai l’impression d’avoir été téléporté dans Walking Dead ! Il y a un zombie-marathonien derrière moi, c’est certain. FruityFred, ne te retourne pas, avance, et accélère ! Je parviens à le semer, mais je dois rester sur mes gardes… Pourtant, aux ravitaillements suivants, je prends le risque de m’y arrêter : je trouve un peu de réconfort dans les quartiers d’orange (très jolis la nuit, paraît-il…) et les fruits secs.
Les charmants petits villages alsaciens se succèdent, et je me dis que le parcours est vraiment très joli lorsqu’il est baigné de soleil. Je n’en avais pas autant apprécié la beauté l’année dernière, par manque de luminosité.
De petits groupes de musique agrémentent l’effort : j’entends Crazy Little Thing Called Love (Queen), C’est Quand le Bonheur (Cali), Gangnam Style (Psy) et même No Cars Go d’Arcade Fire, un de mes groupes préférés !
Au kilomètre 34, dans les vignes, un début de crampe m’oblige à faire quelques étirements. Ça passe très bien, et ça ne reviendra plus… Ouf !
Au kilomètre 36, à Bergbieten, tout comme l’année dernière, la Cave du Roi Dagobert m’aguiche avec son Pinot Gris. Et, comme l’année dernière, je cède à la tentation et m’octroie un petit verre de nectar alsacien. Et pour minimiser les effets de l’alcool, je l’accompagne d’une petite tranche de pâté en croûte…
Il reste 6 km, et je commence vraiment à avoir du mal, mais je veux tout donner pour boucler mon deuxième marathon ! Au kilomètre 40, une douleur assez vive, comme une crampe, survient dans mon genou droit. Je jure intérieurement, en espérant que je pourrai continuer : je viens de faire 40 bornes, il n’en reste que 2 ! Je m’arrête, fais quelques étirements et masse un peu mon genou, puis repars… La douleur est partie. Re-ouf !
Kilomètre 41 : entrée dans Molsheim, la ville d’arrivée.
Kilomètre 42 : il reste 195 mètres ! Sur des courses plus courtes, je termine en sprint. Là, je ne peux pas, les crampes sont prêtes à bondir et mordre mes muscles, donc je reste prudent.
J’entends (puis aperçois) Loïc, accompagné de Guillaume et de Stéphanie, puis vois le fameux tapis rouge de la délivrance ! Niko, qui a bouclé son premier 10 km un peu plus tôt dans la matinée, m’attend à quelques mètres de la ligne d’arrivée ! Je passe le portique après
Après l’arrivée…
Mes amis me rejoignent et me félicitent, et trouvent que je suis frais pour quelqu’un qui vient de courir 42 km ! Intérieurement, je me sens tout de même bien fatigué, mais je suis content d’être arrivé au bout, en mode minimaliste, ce qui n’est pas négligeable !
Je mérite bien quelques petits cadeaux :
- un joli t-shirt bleu (à ma taille, c’est cool !)
- une bouteille de Riesling de chez Cleebourg
- une paire de lunettes de soleil à verres interchangeables… Les lunettes sont roses, mais jolies tout de même
Tout en discutant avec mes amis, je récupère quelques calories et quelques litres d’eau, et m’assois sur un banc… Je crois avoir dit un truc du genre : « Celui qui a inventé ça est un dieu ! ». Ça fait vraiment du bien de reposer un peu les jambes…
La douche détend et relaxe, et le massage des mollets me permet de récupérer rapidement. Il est maintenant temps de manger la fameuse assiette du marathonien, un peu moins copieuse que l’année précédente me semble-t-il.
Pas de quoi reprendre les
Une fois le repas terminé, je ne suis pas rentré chez moi pour faire une sieste comme en 2012 : direction le Parc des Naïades, à Ottrott, pour une petite visite guidée d’1h30 du parc et de l’aquarium ! La visite était très intéressante, et heureusement : rester debout pendant 1h30 après un marathon, je peux vous assurer qu’il y a plus agréable comme sensation dans les jambes !
De retour à la maison, je m’affale sur le canapé… Et finis par faire une petite sieste d’1h30. Je crois que je l’ai bien méritée
Quelques chiffres pour finir !
- Temps officiel :
4 h 4 min et 43 secondes - Classement toutes catégories : 213ème sur 715
- Classement dans ma catégorie (homme senior) : 73ème sur 159
- Calories brûlées : environ 3 000
- Tracé et autres statistiques : voir sur RunKeeper
Super récit et préparation, avez-vous été victime du « mur du marathon au kilomètre 34 ? Quoi qu’il en soit et dans tous les cas les marathoniens savent qu’un marathon se gagne avec le mental, voir > »http://www.vuparici.fr/tete-dun-marathonien/
Merci pour votre commentaire !
Non, pas de mur. Mais je m’hydrate et m’alimente régulièrement durant la course, ça doit aider.
C’est sûr qu’à partir de 30 km, c’est dur mentalement mais tout ne se joue pas dans la tête : il faut avoir encore quelques réserves dans les jambes, sinon la machine s’arrête